14 mars 2020. Changement de perspective.
Ah j’en avais fait des plans pour toi, cher samedi 14 mars 2020,
D’abord, j’avais voulu m’inscrire pour l’écotrail,
En essayant de mobiliser quelques copains, en vain.
Alors j’ai appelé mon papa à la rescousse
Toujours partant pour des aventures et défis sportifs
Mais je dois bien avouer j’avais un peu la frousse
18km dans les bois sans entrainement en fin d’hiver, c’est poussif
J’ai tenté de me tordre le genou au ski aussi
Fin janvier, après 4 jours de rando au Val Ferret
Dernière piste, dernier virage, chasse neige dans la poudreuse et youpi
Belle douleur à la clé, sans pour autant quoi que ce soit de fracturé
C’était la blessure parfaite. Enfin sur le papier.
Et oui en fait, j’étais rétablie à temps, prête à courir contre ma volonté
Ma tête avait mon consentement officiel mais mon corps refusait fermement
Et là, on l’attendait pas, voilà que s’est pointé Monsieur Corona
Ok c’est un peu sexiste d’en faire un homme
Mais bon dans ces cas là on dira que c’est l’héritage du patriarcat
Monsieur Corona est tombé à pic, je dois bien l’avouer, au début je jubilais
Lancé à pleine allure juste à temps
Pour m’éviter d’être au départ ce matin
Tout ça pour que je puisse glander tranquillement
Etre seule chez moi, ne parler à personne, enfin,
Faire la grasse mat, trainer en jogging, ne pas me laver.
Hormis les mains bien sûr, Corona oblige.
En quelques 12 heures de temps libre
J’ai eu l’impression de vivre plus que ces 12 dernières années
D’habitude, je cours, je bourre mon agenda
Pour qu’il soit bien blindé, surchargé,
De cafés, réunions, calls, séances de yoga,
Concerts, expos, théâtre, ciné, balade,
Ca ne manque pas les distractions.
Tout ça pour oublier que quand je rentre chez moi je suis seule
Et que ce que je veux, ce dont je rêve, ce n’est pas vraiment cette vie là.
Alors là, pour une fois, je ne peux plus fuir.
Je ne peux pas sortir, m’échapper et oublier.
Je dois vraiment affronter le fruit de mes désirs.
Est-ce vraiment la vie dont je rêvais ?
Après moultes rebondissements dans la journée,
Un échec de réapprovisionnement en papier toilette étant la défaite flagrante de ce premier jour de confinement
Le couperet est tombé
Plus d’activité sociale désormais
C’est officiel, ça vient d’être annoncé.
Est-ce que les likes online suffiront ?
Comment vais-je faire pour survivre sans amour humain ?
Sans sourires échangés, sans câlins ?
J’étais pourtant heureuse de mon plan B
Course annulée, on aurait dû partir avec des amies en forêt
Et même ça on en est empêchées
C’est la responsabilité en priorité.
En tous cas tu m’auras surprise chère journée
Je me suis trouvée de nouvelles passions et pas mal de ressources
J’ai retrouvé la joie de la création et arrêté le temps de la course
Je crois aux crises pour s’élever
Voyons donc comment cette quarantaine va se dérouler !
Livres, cahiers, crayons, légumes, conserves, je suis armée
Y’a que le PQ qui m’a échappé.
J’espère que je vais pouvoir le troquer
J’ai fait des muffins au chocolat, inch’allah, ça devrait aller.
Ah bon et oui aussi quand même il faut le dire
On ne peut pas changer la situation, Monsieur Corona a décidé de voyager parmi nous pour quelques temps,
La seule chose sur laquelle nous ayons de l’emprise c’est nos sourires,
Notre attitude, nos réactions, nos pensées, nos émotions.
Prenons ce temps comme un cadeau
Pour retrouver ce qui compte vraiment et ce qui est beau
L’humain, la vie, la nature, la terre,
Rire, jouer, jouir, danser, sourire, vibrer,
Et célébrer tout simplement, le fait qu’on est encore vivants !
Et que dans c’est dans les crises que l’on apprend.
Que Monsieur Corona voyage gaiement, on le combattra ensemble.
On grandira, individuellement et collectivement.
Sur ce, c’est l’heure de la sieste, bon confinement !
De mon côté, j’ai décidé d’arrêter de faire des plans.
De prendre chaque journée comme elle vient, de vivre juste au présent.
Bénédicte M.
Pour plus d’amour, toujours