Arrêtons de nous voiler la face

Bénédicte M
9 min readMar 15, 2021

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Laissons tomber les masques !

J’en ai marre.

J’ai envie, voire besoin même, de dire ma colère, d’exprimer ma lassitude, de formuler mes questionnements, de partager ma tristesse. Sortir ces sentiments de moi. Pour mieux m’en libérer.

“Sachant que tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime, il est souhaitable de favoriser l’expression au-delà de l’émotion, ou du retentissement. Cette pratique permettra d’éviter quelques somatisations, du stress et de l’angoisse.”

Merci @Jacques Salomé

Photo by Filip Bunkens on Unsplash

D’abord, oui, je ressens de la colère. Je n’en peux plus de voir les gens dans la rue cachés derrière des masques qui ressemblent à des espèces de couches culottes. Je veux voir les nez, les joues, les cous, les lèvres et les dents même parfois. Porter le masque avec des personnes vulnérables, oui je comprends. Porter le masque si je suis malade, oui évidemment. Porter le masque si nous sommes dans un espace clos, pourquoi pas. Mais porter le masque quand je me balade en forêt ou en bord de mer, non mais allo quoi !?

Même ma grand-mère, Rolande, qui va fêter ses 85 ans en même temps que les 1 an du confinement très prochainement, m’a demandé d’enlever mon masque chez elle l’autre jour en me disant “mais qu’est-ce que tu fais avec ce truc sur le nez ?! Et si je meurs et bien c’est que c’était mon heure”. Merci mamy. Même moi, qui écoute peu les médias et essaie de m’affranchir de la manipulation anxiogène qu’ils propagent, je prends peur parfois. Le poids de la culpabilité, au nom de la “responsabilité citoyenne”. Et si ma responsabilité, c’était justement de me rebeller ? De vivre pleinement, de danser la vie comme avant, de respirer non masquée comme au bon vieux temps ?

Je me sens privée de vie, de liberté aussi. Et cela m’énerve, me met en rage, me rend furieuse. Je suis ébahie devant ma docilité. Même si je ne suis pas d’accord, même si je m’accomode parfois des restrictions et les détourne à ma façon, la plupart du temps, je respecte sagement la loi, je rentre avant 18h chez moi. La croyance en l’autorité est semble-t-il très dure à déconstruire. Le fameux biais de conformité en action (si vous n’avez pas vu cette vidéo sur la salle d’attente, je vous la recommande vivement !). Et là, je suis en colère contre moi-même, de me laisser autant influencer. Emporter.

Je sens que cette crise sanitaire m’invite au discernement. A réfléchir à ce que je veux vraiment. A ne pas prendre tout pour argent comptant. A questionner, contester, détourner, parfois même ignorer, réfuter, m’opposer. M’écouter moi en fait, tout simplement.

Et personnellement, je ne veux plus de cette société où l’on se voile la face.

Je veux voir cette situation de manière radicale, c’est-à-dire en remontant à la racine du problème. Je veux plonger au delà des apparences et comprendre les causes de cette crise. Les symptômes sont clairs, nous les connaissons tous :

  • Côté épidémie : nous sommes contaminés par ce virus qui se propage et ne cesse de muter. Pour les personnes au système immunitaire fragile, le risque de mortalité est avéré. Pour les autres, il s’agit surtout d’un mauvais moment à passer. Parfois même, on peut porter le virus sans avoir de symptôme de la maladie, cela nous rend donc un peu confus et prudents. On ne sait pas vraiment si on l’a eu, si on l’a, si on peut l’avoir et si on peut le transmettre. Les tests donnent enfin une meilleure idée mais va-t-on passer notre temps à se faire tester ?
  • Côté soins : nous avons un nombre de lits en réanimation limité et un personnel soignant dévoué mais en sous-effectifs et qui manque de moyens depuis de nombreuses années. Dès lors, si la propagation du virus va trop vite, nous ne pourrons soigner toutes les personnes nécessitant un traitement. Les protocoles de traitement se sont-ils améliorés ?

Face à ces risques, le gouvernement met en place des mesures pour essayer de ralentir la propagation : confinement, couvre-feu, fermeture des activités jugées “superflues”, masque obligatoire dans l’espace public…

De nombreuses restrictions de liberté pour le bien public. A priori.

Le choix est clairement celui de l’activité économique et du moindre risque sanitaire. On en oublie néanmoins au passage le besoin d’interaction sociale ou la richesse de la vie culturelle par exemple.

En remontant un peu plus loin et sans polémiquer quant aux choix politiques pour parer à cette crise sanitaire, j’aimerais évoquer 2 causes majeures à la situation actuelle : l’état de notre santé, à titre individuel, notre immunité, d’une part, et l’état de notre système de santé, la capacité à nous soigner, d’autre part.

Commençons par notre système immunitaire. Aurions-nous collectivement si peur d’un virus si nous étions en bonne santé ? Et pourquoi notre espérance de vie en bonne santé a-t-elle diminué récemment ?

Oui certaines personnes sont plus vulnérables que d’autres : obésité, diabète, cancer, maladies respiratoires ou cardio vasculaires… Mais d’où viennent ces maux ? Ne sont-ils pas seulement le symptôme d’une société malade ? Sans compter les dépressions, burn out, bore out… Quelle machine a-t-on créé ?

Posons nous les bonnes questions et profitons de l’occasion pour repenser en profondeur notre mode de vie. Pollution de l’air, de l’eau, perturbateurs endocriniens, agriculture intensive, malbouffe, stress, injustice sociale… Voici de vrais problèmes de fond. Que nous connaissons. Et que volontairement nous ignorons. Pourquoi ne leur fait-on pas la guerre à eux aussi voyons ?

Depuis 1 an, combien de temps a-t-il été alloué dans les médias pour l’information sur la prévention des maladies et sur les solutions pour améliorer notre système immunitaire ? Et combien de temps pour susciter davantage d’anxiété, expliquer les dangers de ce virus ? Anxiété qui d’ailleurs contribue à détériorer notre santé. Voici le poisson qui se mord la queue.

Oui les gens meurent du covid. C’est un fait. Mais les gens meurent tout court aussi. Et malheureusement de plus en plus de ces effets secondaires et externalités négatives — ainsi les appelle-t-on — de notre modèle de croissance. D’ailleurs, les pays les plus touchés par le covid sont les pays aux facteurs de comorbidité élevés où ces maladies de civilisation créent des terrains de jeux très fertiles pour les virus qui s’y baladent.

A titre personnel, je fais confiance à mon corps. Je le sais en bonne santé. Je fais au mieux pour prendre soin de mon système immunitaire : je ne fume pas, je fais du sport, je mange de bons produits, sans pesticides, peu transformés, sans sucres ajoutés, j’entretiens une vie sociale nourrissante, j’évite les informations angoissantes et le stress superflu, je respire profondément, me balade dans la nature régulièrement… Je subis aussi les ondes, la pollution des eaux, de l’air et probablement tout plein de facteurs que je ne peux maîtriser dans un environnement urbain.

Je choisis de focaliser mon énergie sur mon bien-être plutôt que de développer la peur du virus. Je sais que je peux l’attraper aussi, je l’ai peut-être même déjà eu. Je peux le transmettre. Et je vis avec. Je ne veux pas que cela devienne mon obsession, que ce soit le centre de ma vie. Je le choisis.

Quant au deuxième problème identifié plus haut, l’état de notre système de santé, je ne suis pas experte je dois bien l’avouer. En tant que citoyenne, je me pose juste des questions. Avons-nous augmenté massivement le nombre de lits de réanimation entre la première et la deuxième vague ? Qu’avons-nous fait concrètement pour soutenir et augmenter les capacités des hôpitaux en matériel et en personnel ? Comment nous organisons-nous pour développer des protocoles de soin les plus efficaces possibles ? Je fais confiance aux femmes et hommes qui nous soignent, j’espère naïvement qu’ils ont les moyens de bien exercer leur métier mais je ne peux que déplorer les témoignages du personnel médical qui revendique depuis des années considération, moyens et soutien.

Derrière la colère se cache souvent la tristesse et j’ai envie de l’exprimer ici aussi : je me sens triste et nostalgique du temps où l’on pouvait se toucher, se voir, danser ensemble, s’embrasser, se câliner, librement, sans culpabilité. J’ai la chance d’avoir de tels espaces malgré le covid, avec mes amis, même s’il y a parfois un brin d’hésitation et une petite voix derrière qui dit “est-ce bien raisonnable ? et si ?…”. C’est pour moi une forme de charge mentale, de pression sournoise et pernicieuse qui s’insinue dans ma vie et me rend prisonnière des campagnes de sensibilisation. Je me sens contrainte, restreinte, enfermée. Et j’en suis lassée.

Je suis triste de ne plus pouvoir partager mes pratiques sportives, de ne plus pouvoir boire un verre en terrasse, manger au restaurant, faire la fête, danser, aller au cinéma, au théâtre, me balader à toute heure, en tout lieu…

En bonne guerrière, j’ai longtemps caché cette tristesse. Enfouie. “non non Béné ne sombre pas dans la mélancolie”, j’ai rebondi, réinventé ma vie, déployé tout plein d’énergie à créer de nouveaux rdv digitaux, à plonger dans ma bulle et redécouvrir des passions laissées de côté… J’ai adoré et je me surprends de mon inventivité. Mais c’est assez. Aujourd’hui, je rêve juste de retrouver ce vent de légèreté, ce temps de tous les possibles. Sans culpabilité. Vive l’insouciance des temps passés.

Oui j’ai aussi trouvé des espaces de liberté, une grande capacité à m’occuper moi-même, à m’auto-satisfaire. Désormais toutefois, je rêve que cette crise soit l’occasion de voir plus loin que le bout de notre nez, une fois les masques tombés, de pouvoir plonger au coeur de la machine infernale et changer en profondeur nos modes de vie.

Nous fêtons bientôt nos 1 an cher corona. L’occasion pour moi de célébrer le fait de ne pas t’avoir pris au sérieux outre mesure. D’avoir toujours réfléchi à ce qui me semblait juste pour moi et mes proches et pas que d’avoir suivi passivement toutes les privations de liberté successives qui semblaient évidentes à d’autres. La docilité n’a jamais été ma tasse de thé même si je l’ai beaucoup rencontrée cette année. J’aime plutôt faire des pas de côté, cultiver la dissidence, par provocation ou inconscience parfois peut-être je l’avoue. Je crois que je souhaite le réaffirmer ainsi ici. Ne pas m’habituer, ne pas me laisser happer par une nouvelle normalité.

Je suis fière d’avoir dansé avec toi corona en tous cas, et je veux continuer à suivre mon coeur plutôt que mes peurs. Mon choix est la vie. Et je sais qu’un jour je mourrai moi aussi. En attendant, covid ou pas, j’ai envie de profiter de chaque jour, de ne pas oublier ma liberté individuelle et mon devoir de citoyenne. C’est pourquoi je continuerai à questionner mes décisions, les lois, et à faire valoir mes droits !

Dans son dernier livre, Les déliés, Sandrine Roudaut, parle de “s’entraffranchir” : entraidons nous à nous affranchir des carcans, des cadres, des systèmes figés et oppressants et inventons ensemble un monde qui nous ressemble vraiment.

Autre proposition : celle de Patrick Viveret qui invite à compter différemment (cf ce super podcast de l’Institut des Futurs Souhaitables, Dites à l’avenir que nous arrivons). Aujourd’hui, notre indicateur principal est le PIB : soit la richesse économique créée. C’est ce que nous comptons. Le vaccin contre le covid (s’il est produit par un laboratoire français, ce qui n’est pas le cas encore toutefois, drame pour notre économie n’est-ce-pas ?), tout comme une hospitalisation, engendrent de la création de produit intérieur brut, de même que la pollution des plages liées au naufrage de l’Erika par exemple. A date, cela crée de la valeur pour notre pays. Oui oui. Mais qu’est-ce qui compte réellement pour nous ? Qu’est ce que l’on compte ? Nous pourrions donc commencer par introduire un système de comptabilité tripartite comme le propose Patrick Viveret : que l’aspect économique vienne soutenir le capital humain et environnemental. Voici une piste lancée au passage.

Bref, explorons les solutions et ne restons pas cachés derrière nos masques ! Osons arrêter de nous voiler la face et regardons la réalité dans sa complexité ! Parce que sous la colère et la tristesse, se cachent bien des envies profondes de reliance et d’amour. Et une fois ces deux premières émotions exprimées, c’est surtout cet élan du coeur que j’ai envie d’écouter désormais.

Pensée à tous pour ce coronanniversaire. Au plaisir de vous voir démasqués un jour proche inch’allah, vaccinés ou pas, chacun son choix.

Bénédicte

Amour. Un point c’est tout. Un point c’est toi.

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Bénédicte M

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