Et toi, t’y crois ou t’y crois pas ?
De l’importance du spirituel à l’heure actuelle.
Je le sais depuis longtemps au fond de moi : il y a une magie de la vie que je ne m’explique pas. Je me souviens enfant, contempler la beauté de la lune à la nuit tombée. Je me sentais à la fois perplexe face au mystère de l’univers et envoûtée par la magie du ciel lumineux et étoilé. Je priais aussi Dieu pour qu’il m’aide à gagner des matchs de tennis, plus pragmatiquement, et regardais désespérément les lampes des salles de sport en tenant mon pendentif de baptême avant chaque point critique et en récitant une petite prière pour remporter le point suivant. La spiritualité à des fins utiles.
Et puis, j’ai oublié. Le monde matériel m’a attrapé. Je m’y suis engouffrée. J’ai été happée par la course effrénée, j’ai couru vite dans la roue de hamster du capitalisme, où ce qui comptait était plus l’argent gagné et le statut social que le nombre de bonnes actions effectuées dans la journée. J’ai oublié mon rapport à la nature, aux êtres vivants, à moi-même. J’ai oublié l’importance de l’amour dans la vie de tous les jours. J’ai oublié les valeurs qui m’animaient aussi. J’avais plongé dans la course à la carrière et au plus gros salaire.
Éduquée sous le dogme catholique dans une famille non pratiquante, mon rapport à la religion était initialement plus de l’ordre du devoir que du choix conscient. Avec mes soeurs, nous étions baptisées à l’Eglise par tradition, allions à la messe de Noël pour faire plaisir à ma grand-mère et au catéchisme pour avoir des cadeaux à notre communion. J’aimais chanter à côté de ma mamy, j’aimais les moments d’éducation et de célébration, mais je n’aimais pas les obligations associées à la pratique, le côté figé aussi. “C’est comme ça et puis c’est tout”. Je posais des questions mais je ne recevais alors pas beaucoup de réponses éclairantes. Et je ne comprenais pas bien pourquoi croire en Dieu.
Je crois que l’on m’avait transmis les pratiques avant de parler des valeurs. Je voyais ce qui nous séparait des autres et pas ce qui nous unissait. Comble pourtant puisque les racines étymologiques de religion sont religare qui veut dire lier, relier et relegere pour rassembler, cueillir. Je me suis donc éloignée de la spiritualité. J’ai même été jusqu’à ne plus croire en rien. Athée. C’était la philosophie de mon père, “je crois en moi, c’est déjà bien !”. Et ainsi j’ai avancé plusieurs années en me mettant au centre, en oeuvrant pour mon bonheur personnel, sans vision plus grande, sans autre croyance.
Pourtant, dans ma vie de jeune adulte, j’ai été questionnée plusieurs fois à ce sujet. Et je suis longtemps passée à côté. Il y a eu les échanges au coin du feu au Burkina Faso d’abord, en voyage humanitaire, perdues dans les villages de brousse, où l’on nous posait souvent la question : “et vous, vous croyez en quoi ?”. Et où l’on me regardait perplexe et triste quand je répondais que je ne croyais en rien. Il y a eu ensuite de nombreuses observations lors d’explorations autour du monde : temples indiens aux dieux multiples, bouddhistes de Chine, du Myanmar, de Thaïlande ou du Tibet, animistes au Togo comme au Brésil, musulmans en Malaisie, en Turquie, au Nigéria ou au Maroc, catholiques aux Philippines comme en Italie, protestants aux Etats-Unis ou en Allemagne, dévots de Krishna en Argentine ou en Belgique… Certains pays mêlant diverses religions comme le Liban, Israël, Singapour ou l’Indonésie… J’ai toujours été curieuse en tous cas, et n’ai cessé de respecter la foi. Sans savoir vraiment ce en quoi je croyais moi. Je ressentais à chaque fois des vibrations puissantes et aimais ce caractère transcendantal de la croyance. J’ai observé longtemps.
Puis un jour, le spirituel est revenu dans ma vie. A travers le yoga d’abord. Yoga, cela signifie union en sanskrit, pour union avec le divin. Ce n’est pas seulement de la gymnastique pour entretenir son corps et être en bonne santé mais bien aussi de la nourriture spirituelle avant tout, un lot d’outils pour apaiser nos esprits agités et nous reconnecter à notre coeur. Au delà de la pratique physique des asanas (postures), le yoga inclut aussi les exercices de respiration (pranayama), la méditation, le chant (kirtan), la connaissance de la philosophie de vie qui inclut par exemple le principe de non-violence (ahimsa) aussi… Et, même si j’étais arrivée à cette pratique par l’aspect physique, j’ai finalement trouvé bien plus : j’ai retrouvé la transcendance et le mystère de la création. Puis mes explorations ont continué. Je me suis nourrie du bouddhisme via la méditation dont Vipassana et les enseignements de Thich Nhat Hanh au Village des Pruniers. Plus tard, grâce au chamanisme, j’ai pu réaliser aussi l’importance de la connection à la Nature et me reconnecter à la Terre. Appréhender et respecter les éléments : le feu, l’air, la Terre, le Ciel. Ces pratiques sont aujourd’hui pour moi une véritable école de la vie. J’ai décidé de ne pas en choisir une. J’ai ma spiritualité à moi. Un mélange de toutes les influences vécues. Ce qui fait du sens pour moi. La randonnée est une pratique spirituelle pour moi aussi, je m’y sens connectée à la Terre et au Ciel de manière puissante.
J’ai passé près de 4 semaines dans une communauté de dévots de Krishna cet été. Nouvelle exploration spirituelle. Et je me suis reconnectée à la puissance de la croyance, à l’importance du spirituel dans ma vie aussi. Vivre avec un collectif porté par des valeurs plus grandes qu’eux-mêmes, animé par l’envie de se sentir bien, avec soi-même, avec autrui et avec le monde environnant, m’a éclairée sur la beauté de la foi.
Que je croie en la réincarnation ou pas, que j’appelle le divin Dieu, Bouddha, Allah ou Krishna, je sais aujourd’hui que c’est important pour moi de croire en tous cas. Je crois en l’amour avant tout. Comme étant la source universelle et le seul guide en ce monde. Je crois en la fraternité aussi et la puissance de l’entraide. Je crois dans le mouvement aussi. Mouvement de la vie, qui nous guide et me mène à chaque instant, à l’endroit juste, au bon moment, pour que je progresse, que j’avance, en rythme et en cadence. Je crois aux vibrations et à l’expansion aussi. A l’impact de nos pensées, paroles et actions dans la matière. Je crois que chaque individu est libre de créer ses rituels, de prier à sa façon, de bénir à sa manière, de chérir et célébrer la vie et le mystère de la création comme il le souhaite.
Je crois en la croyance aussi, qui, quand elle est utilisée à bon escient font de chaque individu un être conscient. Et je crois avant tout à la force du coeur. “Donnez, donnez, donnez… “Dieu vous le rendra !”
C’est une nouvelle ère que nous vivons. Nous nous réinventons, comme chaque génération. Dans cette époque, je ressens, nous ressentons, une nouvelle invitation à nous reconnecter à la spiritualité. Il ne s’agit pas pour moi d’appliquer bêtement un modèle préétabli mais plutôt de questionner et créer ma propre philosophie de vie et mes pratiques spécifiques. Il y a autant de réalités que d’individus, créons autant de religions que de personnes, mais n’oublions pas chaque jour à quoi nous souhaitons oeuvrer, ce qui compte et est important pour nous. Ecoutons notre coeur qui bat et veillons à ce qu’il envoie autour de lui. Chacune de nos vibrations est importante et a un impact dans le monde que nous co-créons.
Pour finir, j’aime cette citation partagée par un ami élevé dans les camps scoots de banlieue parisienne à qui le prêtre avait dit : “Le bon pratiquant n’est pas celui qui va à la messe tous les dimanches mais celui qui aide les personnes dans le besoin dans la rue et sourit à son prochain.” La spiritualité, c’est une invitation à être la meilleure version de nous même, à écouter, voir et parler avec notre coeur. C’est aussi un appel à questionner, chercher du sens. A nous relier à nous-même, aux autres, à la Nature et au Grand Tout.
Magiquement, amoureusement, chaleureusement,
Bénédicte
Pour plus d’amour, toujours
